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Si les feuilles meurent...
3 décembre 2008

- Résurrection - 1

1. Se défaire des grognements,

des étoiles et du vide

et s’offrir un feux d’artifice,

flamboyant.

 

 

Je venais de m’arracher à mon lit,

sans trop savoir pourquoi ;

j’avais la tête lourde et douloureuse

de mauvais vins, de nuits blanches

et de tous ces projets avortés ;

le ciel était d’un rouge sanglant,

et le soleil,

passant derrière les immeubles,

affichait un petit sourire narquois,

« salut pauvre con »,

semblait-il me dire,

et,

sur la gazinière,

biens au chaud,

mes œufs gargouillaient,

agités de soubresauts,

leur transparence paisible se muant rapidement

en un blanc laiteux

et plus solide que moi.

 

Par la fenêtre embuée et sale

je les voyaient en bas,

dans la rue,

attendant religieusement

un tram,

la vie,

quelque chose ;

ces braves gens qui s’agitaient,

qui bavardaient,

qui vivaient en quelque sorte.

Parfois y’en avait un

qui partait d’un grand éclat de rire

mais c’était rare

et plein de ratures ;

ils rentraient de l’usine,

allaient voir leur maîtresse,

sortaient des égouts ;

certains pleuraient en silence,

et puis des cris,

parfois,

autour des poubelles,

arrachaient aux plus sadiques

un sourire mauvais.

 

Je n’en ratais pas une miette.

 

J’avais été me faire couler un bain brûlant,

et,

de retour dans la petite cuisine,

les œufs avaient brûlé

et,

dehors,

la nuit épaisse les avaient tous emportés,

ils avaient disparu,

j’étais seul.

 

J’ai frotté mes yeux gonflés,

j’ai ri doucement sans vraiment savoir

pourquoi,

et puis,

j’ai soufflé sur les flammes bleues

qui achevaient de mordre mon petit déjeuner ;

j’ai humé le gaz qui sortait furieusement par les petits trous ;

l’odeur n’était pas aussi forte que je l’aurais cru.

Moi non plus.

 

Je suis resté pétrifié quelques minutes ;

par la fenêtre opaque j’ai voulu voir quelque chose,

un signe, une étoile, un mot,

mais rien, du noir,

c’est tout ;

j’ai ouvert en grand

les autres brûleurs,

et fais ronronné le four,

et puis j’ai choisi une musique d’Apocalypse ;

le volume était si fort que le sol tremblait en vagues successives,

c’était bon.

 

J’ai été me couler dans le bain,

et j’ai compter à voix haute,

un,

deux,

trois,

quatre,

et ainsi de suite,

sans rien oublier,

j’ai compter à voix haute,

en attendant l’explosion.

...

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