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Si les feuilles meurent...
31 mars 2008

- UN MATIN DE GIVRE -

Tu sais, lui dit-elle, je n’aime personne.

Il rigola et il l’attrapa par les cheveux et lui dit que ça n’avait aucune importance, parce qu’ici personne ne se souciait de rien, il fallait les voir les gens, se croire immortels et entendre l’amour partout autour d’eux, mais finalement c’est quoi tout ça, embrasse moi, et peut-être qu’on pourra se dire des sucreries et des mensonges corrosifs ; tout le monde passe son temps à mentir et à hurler en silence, des faux semblants, des simagrées, des coutumes civilisées de sauvages et des déserts éblouissants, des nappes brodées et des meurtres en série et EMBRASSE MOI, je veux comprendre , je veux pouvoir et être et VOIR, et sentir ta chaleur et tes mystères ; et elle lui posa la main sur le front et soupira, peut être oui, et puis elle colla ses lèvres sur les siennes et aspira un peu de saveur et de vie, de bonheur et de silence.

Je voudrais écrire une histoire d’amour, dit-il sans savoir, et elle rigola comme un crève un pneu, par pur sadisme et sabotage, et il s’en foutait parce que c’était comme ça, y’avait peut-être un peu de répit et des frissons qui courent et qui volent et qui donnent et qui s’illuminent, des os, des sourires et des caresses, des plages immaculés et de la neige noire et souillée, des baisers et des anges, des morsures et des lumières ; tout restait identique, tout le temps, ça s’emboîtait et s’ouvrait et soufflait et en fait ça n’existait pas et c’était tant mieux.

Embrasse moi, dit-il encore et elle ricana, PUTAIN, CE QUE TU PEUX ETRE SEUL !

Et puis elle le rejoint sous la couette et elle s’excusa du regard, ses yeux étaient immenses et lumineux. Moi aussi, tu sais, glissa-t-elle, je fais la maligne mais moi aussi, et tout le monde, et, viens, viens, je vais te bouffer et te mâcher, te digérer, te brûler, te faire mal et te faire hurler de plaisir, et, il ferma les yeux et pensa que tout recommençait tout le temps et il n’était pas bien sûr de savoir s’il trouvait ça rassurant ou si c’était la dope qui rendait tout plus lumineux et froid et identique et y’en avait quand même du sang bouillant qui lui gonflait les veines et la tendresse existe encore, non ?

Elle se glissa tout contre lui et prit son sexe durcit dans sa main et elle le plongea tout au fond de son ventre et elle dit, je suis malade, et il lui répondit que ça n’avait pas d’importance, sur la vitre le givre avait dessiné un réseau compliqué de craquelures et de fissures et peut être que c’était ça la vie, de la chaleur et du sang, et des larmes et un corps qui palpite, elle grogna de plaisir et il se redressa, tout le monde meurt, putain, je m’en fous, tout le monde meurt et il fait tellement froid dehors, elle lui prit la main et ils s’arrachèrent un sourire mâtiné de plaisir et ils étaient bien ; le monde pouvait continuer sa marche imbécile sans eux, bien au chaud sous la couette, fondus l’un dans l’autre, ils existaient, c’était pas plus compliqué, ils existaient et crachaient à la face du monde, et, l’espace d’un instant, TOUT ALLAIT BIEN.


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